Our Blog Archive - World Habitat https://world-habitat.org/fr/nouvelles/notre-blog/ Tue, 12 Jul 2022 10:36:05 +0000 fr-FR hourly 1 « C’est notre combat, mais c’est également le combat de tous » – World Habitat présente des bonnes pratiques au monde entier https://world-habitat.org/fr/nouvelles/notre-blog/cest-notre-combat-mais-cest-egalement-le-combat-de-tous-world-habitat-presente-des-bonnes-pratiques-au-monde-entier/ Tue, 12 Jul 2022 10:36:05 +0000 https://world-habitat.org/?post_type=staffblog-cpt&p=29134 « C’est notre combat, mais c’est également le combat de tous » : voici le principal message de Vera Kovács, codirectrice de l’association Utcáról Lakásba Egyesület à Budapest, en référence à l’importance de partager les bonnes pratiques et de travailler en partenariat tant au niveau local qu’au niveau international en vue d’éliminer le sans-abrisme de rue. Vera a pris […]

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« C’est notre combat, mais c’est également le combat de tous » : voici le principal message de Vera Kovács, codirectrice de l’association Utcáról Lakásba Egyesület à Budapest, en référence à l’importance de partager les bonnes pratiques et de travailler en partenariat tant au niveau local qu’au niveau international en vue d’éliminer le sans-abrisme de rue. Vera a pris la parole lors d’un événement organisé par World Habitat, au même titre que des partenaires de l’Housing First Europe Hub, dans le cadre du Festival international du Logement social 2022 à Helsinki.

Cet événement, qui a rassemblé plus de 80 personnes en présentiel et des dizaines de personnes à distance, a inclus des intervenants d’organisations travaillant à Helsinki, Budapest, Lisbonne et Lyon, et a abordé différentes bonnes pratiques autour de l’utilisation du logement social et du Logement d’abord pour éliminer le sans-abrisme de rue.

Le panel, présidé par Louise Winterburn, vice-directrice de World Habitat, était composé de :

  • Juha Kaakinen, ancien directeur de l’Y-Foundation, Finlande
  • Vera Kovács, Utcáról Lakásba Egyesület (Association From Streets to Homes), Hongrie
  • Américo Nave, CRESCER, Portugal
  • Etienne Fabris, Est Métropole Habitat – Lyon, France

Les membres du panel ont partagé leurs expériences au niveau de la mise en œuvre du Logement d’abord dans différents contextes, avec différents niveaux de soutien politique, d’offres de logement, de fonds disponibles et de politiques locales de logement. Le succès de toutes les organisations présentes reposait sur les rôles essentiels des logements disponibles, des partenariats et des données disponibles.

Les données prouvent que le Logement d’abord fonctionne, mais il repose sur des sources pérennes de logements sociaux abordables. Comme le dit si bien Juha Kaakinen, ancien directeur de l’Y-Foundation :

« Il est impossible de mettre en œuvre le Logement d’abord sans logement. »  

En tant que fournisseur de logement social et quatrième plus grand propriétaire en Finlande, l’Y-Foundation joue un rôle majeur dans une politique qui vise à éliminer le sans-abrisme de longue durée. L’Y-Foundation a également remporté une Médaille d’or des Prix Mondiaux de l’Habitat en 2014 et le travail de l’organisation a inspiré le développement de la Campagne européenne sur l’élimination du sans-abrisme de rue de World Habitat. Cette campagne, qui est maintenant dans sa sixième année, est un réseau d’une dizaine de villes qui travaillent pour éliminer le sans-abrisme de rue dans leurs communautés.

La Finlande est un des seuls pays en Europe où le sans-abrisme est en baisse, et ce résultat est le travail de la Fondation qui reste toujours concentrée sur ses principaux objectifs et qui continue de fournir des logements abordables et pérennes à des personnes sans abri. La Finlande possède également un engagement national et des politiques de logement visant à promouvoir le Logement d’abord.

De nombreux pays européens travaillent toutefois dans des contextes très différents, sans aides nationales ou sans financements pérennes. Un de ces pays est la Hongrie, et Vera a présenté leur programme de logement qui s’inspire des principes du Logement d’abord et pour lequel l’association From Streets to Homes a reçu une Médaille de bronze aux Prix Mondiaux de l’Habitat en 2020.

Alors que le logement social est inexistant à Budapest, l’association From Streets to Homes rénove des logements municipaux et privés inoccupés avec l’aide de bénévoles et des futurs locataires. Le programme, qui est mis en œuvre depuis plus de 10 ans et qui a déjà fourni des logements à plus de 90 personnes, transforme des logements vacants en logements locatifs abordables et pérennes, et fournit un accompagnement personnalisé aux locataires. Selon Vera, les travailleurs sociaux ne sont pas formés à ce travail, mais cela permet de trouver des logements pour des personnes sans abri, dont certains sont sans domicile depuis plus de 20 ans.

L’association From Streets to Homes veut éliminer le sans-abrisme en Hongrie dans un contexte particulièrement difficile, où le sans-abrisme est criminalisé, où les logements abordables sont insuffisants et où il n’existe pas de politique nationale pour lutter contre le sans-abrisme et le mal-logement.

Elle veut également continuer à collecter des données permettant d’alimenter son travail de plaidoyer et prouver que le Logement d’abord peut fonctionner dans le contexte hongrois. Elle travaille au sein d’un réseau d’organisations et municipalités en vue de développer une politique de logement social en Hongrie.

L’importance de collecter des données à partager avec des décideurs politiques a également été mise en exergue par Américo Nave, directeur de l’ONG CRESCER, qui opère à Lisbonne, qui a partagé les données et leçons retenues des 9 années de travail de l’organisation É Uma Casa (Logement d’abord à Lisbonne).

CRESCER, membre de la Campagne européenne sur l’élimination du sans-abrisme de rue, a récemment publié une brochure partageant ses données et reconnaissant la valeur des études prouvant que le Logement d’abord est efficace pour influencer les législateurs et les partenaires. Lors du Festival international du Logement social à Helsinki, Américo a affirmé :

« Les études prouvant l’efficacité du Logement d’abord sont une véritable valeur ajoutée pour le travail de plaidoyer visant à promouvoir la mise en œuvre de cette méthodologie, et pourraient même promouvoir son expansion et/ou sa mise en œuvre dans d’autres villes. » 

Américo a également abordé la nécessité d’inclure des expériences d’experts du vécu dans les études, reconnaissant que :

« Les experts du vécu sont les meilleurs partenaires pour trouver des solutions efficaces et devraient être enrôlés dans ces équipes en tant que pairs… Les locataires doivent donner leurs témoignages dans des contextes publics, afin d’influencer la croissance du projet. »  

Etienne Fabris de l’association Est Métropole Habitat, a confirmé les propos d’Américo, et a parlé de l’importance des partenariats intersectoriels. Est Métropole Habitat est membre de GIE (La ville autrement), un réseau de fournisseurs de logement social et d’ONG visant à lutter contre le sans-abrisme grâce à la fourniture du Logement d’abord.

L’objectif de GIE est de travailler ensemble pour développer des programmes qui augmentent l’offre de logements abordables et pérennes pour les personnes sans abri. Ces plans incluent la mobilisation du secteur privé, la construction de nouveaux logements et de cohabitations pour les personnes souffrant de solitude. Son approche innovante inclut également le développement de logements modulaires et l’utilisation du parc semi-temporaire pour fournir des locations de Logement d’abord.

Etienne reconnait que certains de ces programmes dévient du modèle traditionnel du Logement d’abord pour inclure des logements pérennes dispersés) mais milite pour la flexibilité du modèle. Ce sentiment était partagé par tous les membres du panel, dont Juha, qui a affirmé qu’il était difficile d’étendre le Logement d’abord sans flexibilité au niveau de la mise en œuvre du modèle.

D’où les questions de savoir à qui les programmes de Logement d’abord sont destinés, et comment inclure les migrants sans domicile, un groupe si souvent marginalisé par les politiques restrictives de logement social. Comme l’a affirmé Etienne :

« Il serait erroné de croire que les politiques de logement social ne sont pas destinées aux migrants. À l’heure actuelle, la plupart des coûts des hébergements temporaires sont liés aux migrants, et ces hébergements sont très couteux et inadaptés pour les familles. Il importe dès lors de trouver des solutions pour développer l’approche du Logement d’abord pour ce public. »  

Américo et Vera ont marqué leur accord, confirmant que leurs services de Logement d’abord étaient accessibles à toutes les personnes sans abri mais qu’il y avait de nombreux problèmes structurels et administratifs à surmonter.

Pour plus d’informations sur la Campagne européenne sur l’élimination du sans-abrisme de rue, vous pouvez vous inscrire à notre bulletin d’information ici et vous pourrez trouver davantage d’informations sur nos partenaires ici.

Vous pouvez regarder un enregistrement complet de l’événement et des discussions ici.

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L’habitat collaboratif réaffirmé, promu et récompensé https://world-habitat.org/fr/nouvelles/notre-blog/lhabitat-collaboratif-reaffirme-promu-et-recompense/ Mon, 11 Jul 2022 10:58:43 +0000 https://world-habitat.org/?post_type=staffblog-cpt&p=29125 Helsinki, en Finlande, était le lieu de convergence de cette année pour les organisations de terrain, les professionnels, les penseurs, les décideurs politiques et toutes les autres personnes qui s’intéressent à l’habitat collaboratif en Europe et au-delà, et personne ne fut déçu. Pour l’édition 2022 du Festival international du Logement social (ISHF), Housing Europe a […]

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Helsinki, en Finlande, était le lieu de convergence de cette année pour les organisations de terrain, les professionnels, les penseurs, les décideurs politiques et toutes les autres personnes qui s’intéressent à l’habitat collaboratif en Europe et au-delà, et personne ne fut déçu.

Pour l’édition 2022 du Festival international du Logement social (ISHF), Housing Europe a invité urbaMonde à réitérer l’événement sur l’habitat collaboratif organisé en marge du dernier ISHF à Lyon. Cette année, la Journée de l’habitat collaboratif a trouvé la place de choix qu’elle mérite dans le programme officiel, dans la belle Bibliothèque centrale d’Oodi, dans le centre d’Helsinki.

En tant qu’organisation coordinatrice du Réseau CoHabitat, et avec le soutien officiel de World Habitat et Cooperative Housing International (CHI), urbaMonde a travaillé dur pour profiter pleinement de ces quelques jours à Helsinki en vue de générer un transfert de connaissances et des opportunités de networking autour de l’habitat collaboratif pour les participants de l’événement.

Le 14 juin, deux petits groupes ont eu l’occasion de visiter deux projets d’habitat dans le nouveau quartier de Kalasatama. Ces visites ont été organisées par urbaMonde avec le soutien de Salla Korpela, militante de l’habitat collaboratif.

Les résidents du projet de cohabitat Kotisatama et du projet intergénérationnel de Sumppi ont accueilli les visiteurs internationaux de l’événement et ont expliqué comment ils parvenaient à organiser, coconcevoir, financer et gérer leurs nouveaux logements et leurs grands espaces et services communs. Bien que ces projets soient construits sur un terrain municipal et loués à des associations de résidents, il est manifeste que ces logements ne sont pas particulièrement abordables.

Le lendemain, une centaine de participants se sont rendus à la Journée de l’habitat collaboratif et ont profité d’un programme très chargé d’activités proposées par les partenaires de l’ISHF.

Cette journée a été inaugurée par des représentants de World Habitat, Habitat International Coalition (HIC), Housing Europe et la municipalité d’Helsinki, et a proposé des discussions et des débats de qualité sur différentes thématiques autour de l’habitat collaboratif comme le financement, la diffusion des modèles d’habitat collaboratif et des organismes fonciers solidaires, la définition et la cartographie, les avantages dans le contexte de la crise du logement abordable, la crise sanitaire et le changement climatique.

Lors de cet événement de networking, les participants ont pu rencontrer et échanger avec des résidents de projets et organisations promouvant l’habitat collaboratif en Belgique, en Finlande, en Allemagne, en Irlande, en Serbie, en Slovénie, en Espagne et au Royaume-Uni.

Ces discussions avec d’anciens collègues et de nouvelles personnes intéressées par l’habitat collaboratif ne se sont pas arrêtées en dehors de la bibliothèque. En scooter électrique, en tram ou à pied, quelques 70 personnes de 19 pays (dont l’Australie, le Canada, Chypre, la Grèce, Taiwan…) se sont réunies un peu plus tard à la Malta House, un projet emblématique d’habitat collaboratif. Salla Korpela et 30 résidents ont accueilli tout le monde avec un verre de champagne et de l’excellente nourriture cuisinée par des résidents dans la cuisine professionnelle de la Malta House.

À chaque table, nous avons assisté toute la soirée à des discussions enthousiastes, des rires et des échanges, alors que les résidents ont permis à des petits groupes d’invités de visiter le bâtiment, les espaces communs (les salles pour les invités, le jardin, les ateliers et bien évidemment les saunas !) et la terrasse afin d’admirer le magnifique coucher de soleil…

 

 

 

Grâce aux nouvelles amitiés créées par ces échanges, nous espérons que de nouveaux partenariat verront le jour à court terme :

  • Soutien des autorités publiques et des fournisseurs institutionnels de logement pour permettre aux professionnels de l’habitat collaboratif de développer des projets d’habitat abordables et pérennes dans le contexte de la financiarisation des terrains et du logement.
  • Soutien financier des banques professionnelles pour des fonds renouvelables axés sur les citoyens et des emprunts collectifs pour des projets sans but lucratif.
  • Mise en place d’équipes pluridisciplinaires d’aide technique (social, architectonique, juridique, financier) pour les projets d’habitat collaboratif.
  • Coopération entre pairs et visites de terrain entre les gouvernements locaux (pour ajuster leurs outils de planification et leurs outils financiers et juridiques) et entre les résidents de projets terminés et de nouveaux projets, tant au niveau national qu’au niveau international.
  • Production d’études pour permettre aux législateurs, fonctionnaires municipaux et professionnels de prendre des décisions informées.
  • Manifestations culturelles et développement de méthodes d’apprentissage sur les projets d’habitat collaboratif, les marchés publics et privés et les régimes fonciers (locations de longue durée de terrains publics, organismes fonciers solidaires, coopératives, etc.) pour permettre aux citoyens de découvrir ces solutions dans leurs villes et villages.

Nous espérons maintenant avoir le feedback des personnes qui ont assisté à ces activités à Helsinki!

Nous avons hâte d’assister au prochain Festival international du Logement social, en mars 2023 à Barcelone. Barcelone est une ville qui possède un mouvement social structuré pour le droit au logement, de nombreux professionnels du logement abordable non-spéculatif via Sostre Civic, et un engagement politique fort du gouvernement municipal. Cet engagement a déjà facilité l’accès aux terrains pour des projets d’habitat collaboratif et a permis la création du premier Organisme foncier solidaire municipal en Europe.

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Conversation sur un balcon de Belgrade : Réflexions sur l’évolution du logement https://world-habitat.org/fr/nouvelles/notre-blog/conversation-sur-un-balcon-de-belgrade-reflexions-sur-levolution-du-logement/ Mon, 09 May 2022 13:55:13 +0000 https://world-habitat.org/?post_type=staffblog-cpt&p=28808 Mariangela Veronesi, Chargée du programme sur l’habitat collaboratif, nous parle de sa discussion avec les fondateurs de Pametnija Zgrada, une des première coopératives d’habitat à Belgrade, sur le contexte local du logement et leurs aspirations pour les nouvelles solutions de logement non-spéculatives et dirigées par les résidents. « J’ai grandi dans cette maison. Je peux vous […]

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Mariangela Veronesi, Chargée du programme sur l’habitat collaboratif, nous parle de sa discussion avec les fondateurs de Pametnija Zgrada, une des première coopératives d’habitat à Belgrade, sur le contexte local du logement et leurs aspirations pour les nouvelles solutions de logement non-spéculatives et dirigées par les résidents.

« J’ai grandi dans cette maison. Je peux vous affirmer que la vue aujourd’hui est complètement différente de celle que l’on avait il y a dix ou vingt ans. »

Ana et moi contemplons les toits de Belgrade depuis son balcon pendant qu’elle m’explique la façon dont le paysage urbain nous raconte l’histoire du développement de la ville.

Elle m’a expliqué que le quartier se limitait autrefois à quelques maisons familiales à un ou deux étages entourées d’espaces verts. « Maintenant, notre jardin et le jardin de notre voisin sont les seuls espaces verts restants. » Ce n’est pas la seul chose qui disparaît, il en va de même pour les maisons familiales.

Les maisons qui se léguaient autrefois de générations en générations sont maintenant de plus en plus ciblées et rachetées par les promoteurs. Ces maisons se transforment en immeubles à appartements et les propriétaires reçoivent un ou deux appartements dans le cadre du rachat.

Cette tendance a débuté après la dislocation de la Yougoslavie mais s’est nettement accélérée ces dernières années. Dans certains quartiers, l’étendue de la transformation est impressionnante. Un simple coup d’œil aux énormes immeubles au bord de l’eau suffit pour avoir la tête qui tourne devant ces constructions où les hauts édifices, entourés de grues, dominent l’horizon.

« Comme vous pouvez le voir, des nouveaux logements apparaissent un peu partout. Et pourtant, nous sommes confrontés à une réelle crise du logement. Les nouveaux développements n’englobent pas de logements abordables et sont le résultat de la spéculation. Ils ne peuvent pas loger les personnes les plus vulnérables. »

« Que se passe-t-il pour les personnes qui n’ont pas les moyens d’acheter ces appartements ? »

« Pour de nombreuses personnes, la seule option est de rester vivre chez leurs parents même pendant leur vie d’adulte. » Nous regardons une des maisons à proximité dans laquelle trois générations cohabitent dans un espace réduit.

Cette pénurie de logements abordables, l’absence d’autonomie et les mauvaises conditions de vie ont motivé Ana Džokić et ses collègues à créer Pametnija Zgrada, une organisation promouvant un nouveau modèle de coopérative d’habitat non-spéculatif.  Leur objectif est d’améliorer les droits au logement via des solutions pérennes et dirigées par les résidents, qui sont accessibles pour les personnes et ménages à bas budgets.

Les nouveaux appartements et les nouvelles maisons familiales ne sont pas les seuls bâtiments que vous verrez lorsque vous vous baladez dans la capitale serbe. La présence d’énormes immeubles, héritage du passé socialiste du pays, est difficile à manquer et caractérise l’architecture de la ville. Ces immeubles représentent une partie importante du parc de logements mais sont malheureusement très mal entretenus.

Marc Neelen dirige le travail de Pametnija Zgrada à Belgrade. Alors que nous regardons un des nombreux immeubles à appartements qui ont été tout d’un coup privatisés après la fin du régime socialiste, il a expliqué que cet immeuble était particulier parce que les résidents avaient réussi à coordonner et lever des fonds pour rénover le bâtiment. « C’est très rare à Belgrade car la plupart de ces immeubles n’ont aucun système qui gère l’enveloppe et les espaces communs des bâtiments. » La gestion collective par les résidents est un modèle très peu répandu en Serbie, mais Marc et Ana estiment que ce sont des outils importants pour développer des logements qui répondent aux besoins des résidents.

Beaucoup de travail les attend en termes de sensibilisation communautaire et institutionnelle sur les coopératives d’habitat, de développement de mécanismes et produits financiers adéquats pour financer des projets pilotes, et d’acquisition de terrains pour les premiers projets. Toutefois, la coopérative Pametnija Zgrada a déjà réalisé d’importants progrès dans le développement de son modèle et de ses stratégies, et n’est pas seule face à cette tâche. Elle fait partie du réseau MOBA Housing SCE, un réseau d’organisations similaires en Europe centrale et en Europe du Sud-Est qui développent également des coopératives d’habitat dans leurs pays respectifs. Ensemble, elles ont développé un ensemble d’outils, de mécanismes de financement et d’études en vue d’améliorer la capacité du réseau à soutenir le développement de coopératives d’habitat dans la région.

Alors que nous quittons le balcon, je ne peux m’empêcher de jeter un dernier coup d’œil au paysage autour de moi. Un jour, cette vue donnera non seulement sur les dernières maisons familiales, quelques nouveaux appartements et les immeubles de l’époque socialiste, mais nous verrons également de nouvelles coopératives d’habitat qui seront gérées par leurs résidents. Avec cette vision à l’esprit, nous rassemblons nos affaires, et Ana, Marc et moi nous dirigeons vers la réunion du réseau MOBA qui nous attend afin de poursuivre notre travail qui permettra de faire de ce rêve une réalité.

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Expériences dans le développement de coopératives d’habitat en Europe centrale et en Europe du Sud-Est https://world-habitat.org/fr/nouvelles/notre-blog/experiences-in-supporting-co-operative-housing-development-in-central-and-south-eastern-europe/ Wed, 04 May 2022 12:25:07 +0000 https://world-habitat.org/news/our-blog/experiences-in-supporting-co-operative-housing-development-in-central-and-south-eastern-europe/ Ana Džokić et Rok Ramšak travaillent dans des projets émergents de logement à Belgrade et à Ljubljana, dans le cadre du réseau MOBA Housing SCE (MOBA), qui englobe des projets pionniers de coopératives d’habitat en Europe centrale et en Europe du Sud-Est. Ensemble, ils ont développé un modèle commun pour le développement de logements abordables, […]

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Ana Džokić et Rok Ramšak travaillent dans des projets émergents de logement à Belgrade et à Ljubljana, dans le cadre du réseau MOBA Housing SCE (MOBA), qui englobe des projets pionniers de coopératives d’habitat en Europe centrale et en Europe du Sud-Est. Ensemble, ils ont développé un modèle commun pour le développement de logements abordables, durables et non-spéculatifs, ainsi que différents outils pour faire de cette ambition une réalité.

En raison de la pénurie de logements abordables et sûrs dans la région de l’Europe centrale et de l’Europe du Sud-Est, le réseau MOBA Housing SCE a été créé en 2017 pour encourager la collaboration dans l’élaboration de stratégies sur le développement de coopératives d’habitat.

World Habitat s’est associée avec MOBA dès le tout début dans le cadre de son programme mondial d’habitat collaboratif, notamment lors du développement de la Bourse de développement de coopératives d’habitat MOBA-World Habitat. Cette initiative se concentrait sur la promotion de l’approche des coopératives d’habitat dans cette région de l’Europe. Dans le cadre de son premier projet pilote, en 2020-2021, une subvention de 15.000 Livres sterling a permis de soutenir cinq propositions de projets locaux qui utilisaient différentes approches pour développer l’habitat collaboratif et abordable. Voici le résultat de ces projets dans cinq contextes différents.

Belgrade, Serbie – Coopérative Pametnija Zgrada

En vertu de la législation serbe, les coopératives d’habitat ne peuvent pas louer de biens privés, et les terrains publics ne sont pas disponibles pour les initiatives citoyennes. Dès lors, pour la Coopérative Pametnija Zgrada, l’acquisition de terrains était une condition préalable au développement d’un modèle locatif équitable de coopérative d’habitat dans le contexte local. La subvention a permis la sélection de différents lieux qui répondaient aux critères, ainsi que le développement d’un plan financier pour l’achat du terrain. La recherche du terrain s’est avérée importante pour définir le processus de recherche et d’évaluation, les critères d’une situation idéale et les biens disponibles et leurs prix sur le marché actuel. Ils ont ensuite défini plusieurs terrains potentiels et ont préréservé un site spécifique pour un projet pilote.

Budapest, Hongrie – Collectif Rákóczi  

Malgré l’absence d’infrastructures juridiques, institutionnelles et financières en Hongrie pour les coopératives d’habitat locatif, les membres du Collectif Rákóczi ont déjà réussi à acquérir la première maison pour ce projet en 2018. En 2021, la subvention a permis de créer deux entités juridiques : une organisation regroupant les coopératives d’habitat locatif (qui joue également un rôle dans le développement de nouveaux projets d’habitat) et une association qui recrute des nouveaux membres dans le mouvement des coopératives d’habitat. Pas moins de quarante nouveaux membres potentiels ont été recrutés, permettant d’améliorer le modèle financier des coopératives d’habitat.

Ljubljana, Slovénie – Coopérative Zadrugator   

En raison de l’évolution du paysage politique en Slovénie, le projet pilote de coopérative d’habitat a connu un coup d’arrêt lorsque le nouveau gouvernement a supprimé la nouvelle législation en matière de logement nécessaire pour assurer la pérennité des coopératives d’habitat. La Coopérative Zadrugator a répondu en utilisant la subvention pour promouvoir et défendre les coopératives d’habitat au niveau national et au niveau local via une grande campagne de sensibilisation. Ils ont notamment érigé un Monument à la crise du logement en collaboration avec un collectif d’artistes appelé « m2 » dans le centre de Ljubljana et ont réussi à inclure les coopératives d’habitat dans une nouvelle législation sur le logement public qui a été présentée à l’Assemblée nationale.

Prague, République tchèque – Coopérative První Vlaštovka

První Vlaštovka a utilisé la subvention pour travailler avec des experts externes en vue d’élaborer un plan d’affaires professionnel et détaillé afin de contacter des institutions financières privées qui pourraient financer l’acquisition et la rénovation des logements. Le plan d’affaires est adaptable et devrait servir de base pour d’autres groupes similaires en République tchèque, dans le cadre de l’initiative Sdílené Domy. Grâce au cofinancement, la coopérative a acquis son premier logement qui sera transformée en une coopérative d’habitat et en un centre social sur la base du modèle de la coopérative.

Zagreb, Croatie – Zadruga Otvorena Arhitektura/ZOA

Actuellement, il n’existe aucune loi ou aucun instrument financier permettant de soutenir la création de coopératives d’habitat en Croatie. Dès lors, Zadruga Otvorena Arhitektura/ZOA a décidé d’utiliser la subvention pour impliquer des experts juridiques et immobiliers dans l’élaboration d’une stratégie permettant aux gouvernements locaux de développer le modèle des coopératives d’habitat. Pour proposer le modèle à la municipalité de Zagreb, ZOA a cartographié les terrains publics adaptés à la construction de coopératives d’habitat et a développé trois projets architecturaux conceptuels ainsi que des modèles financiers.

En plus de soutenir des projets locaux, la subvention a permis au réseau de mieux soutenir ses membres. De fait, World Habitat a fourni des fonds à MOBA qui a créé un système de subvention collaborative pour ses membres afin de pouvoir soutenir financièrement des projets locaux. Des discussions ont été entamées pour améliorer les projets proposés et organiser des échanges entre pairs sur les progrès de ces projets. Rok Ramšak de Zadrugator a affirmé : « Laissez-moi vous dire ce que j’adore dans le système de subvention de MOBA : les différents groupes ne sont pas en concurrence pour les financements, ils s’entraident pour améliorer et mettre en œuvre les différents projets. »

Étant donné le succès de ces premières expériences, un deuxième cycle de la Bourse de développement de coopératives d’habitat MOBA-World Habitat a été lancé fin 2021 avec environ 20.000 Livres en vue de développer l’engagement et la formation des membres, la recherche de solutions technologiques et durables, et l’élaboration de politiques. Le système de gestion des subventions sera également amélioré en vue de soutenir de nouvelles initiatives pionnières d’habitat collaboratif en Europe centrale, en Europe de l’Est et en Europe du Sud-Est, régions dans lesquelles il est urgent de développer des solutions pérennes et abordables.

Pour en savoir plus sur une éventuelle collaboration avec le réseau MOBA Housing SCE, veuillez envoyer un courriel à info@moba.coop

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Pourquoi le Prix Mondial de l’Habitat n’était que le début… https://world-habitat.org/fr/nouvelles/notre-blog/pourquoi-le-prix-mondial-de-lhabitat-netait-que-le-debut/ Wed, 23 Mar 2022 09:30:36 +0000 https://world-habitat.org/?post_type=staffblog-cpt&p=28526 Natalia Martínez de la Fundació Habitat3 nous parle de l’impact de la médaille d’or des Prix Mondiaux de l’Habitat 2019 sur son organisation, notamment grâce aux éChanges organisés par World Habitat et à d’autres activités. La médaille d’or des Prix Mondiaux de l’Habitat a permis à HÀBITAT3 d’être reconnue pour son travail (pendant plus de cinq […]

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Natalia Martínez de la Fundació Habitat3 nous parle de l’impact de la médaille d’or des Prix Mondiaux de l’Habitat 2019 sur son organisation, notamment grâce aux éChanges organisés par World Habitat et à d’autres activités.

La médaille d’or des Prix Mondiaux de l’Habitat a permis à HÀBITAT3 d’être reconnue pour son travail (pendant plus de cinq ans) fournissant et gérant des logements pour des personnes en situation vulnérable.

Elle nous a surtout encouragé à poursuivre nos actions et à identifier de nouvelles opportunités de croissance. Celles-ci incluent le développement d’un modèle de logement social avec accompagnement, innovation et transformation, qui place l’individu au centre de ses actions, et qui permet aux bénéficiaires de se réintégrer dans la société, en collaborant notamment avec d’autres organismes sociaux, des administrations publiques, des propriétaires, des entreprises et des institutions privées.

Le Prix Mondial de l’Habitat a également mis en exergue notre rôle en tant que promoteur et agent qui identifie, promeut et oriente les ressources, expériences et connaissances de différents acteurs en vue d’atteindre l’objectif commun de fournir des logements décents et abordables aux personnes les plus vulnérables, et fournir des aides spécialisées aux personnes qui, grâce au logement, développent leur indépendance et leurs vies futures.

Ce prix est tombé à un moment où HÀBITAT3 avait suffisamment muri et était sur le point de faire un pas en avant. Il nous offre davantage de visibilité à l’étranger et nous permet de prendre le temps de réfléchir à la meilleure façon d’entrer dans une nouvelle phase de consolidation et d’amélioration.

Le programme éChange associé à la médaille d’or des Prix Mondiaux de l’Habitat a été mis en œuvre via une série de sessions en ligne avec plusieurs organisations internationales. Ces sessions ont été coordonnées par World Habitat. Ce programme a contribué à un processus de réflexion interne sur différents aspects de notre organisation, qui avait déjà débuté mais qui a depuis été renforcé par des apprentissages mutuels et l’échange d’expériences. Cela nous a permis de réaliser des changements organisationnels, d’étendre nos ressources et de développer notre plan stratégique.

Ces réflexions avec d’autres organisations nous ont permis de brosser un tableau des différentes options de logement et ont renforcé notre priorité d’acquérir des logements, dans le cadre d’une stratégie durable tant pour les locataires que pour nos finances.

Lors de ces sessions d’échange, les éléments clés de la fourniture de logements ont été mis en exergue : financement, communication et personnel.

  • Placer l’accent sur la collecte de fonds pour couvrir les coûts de la fourniture de logements et des services d’accompagnement.
  • Renforcer notre message et optimiser les canaux de communication.
  • Renforcer l’équipe et la motiver tout au long du processus de croissance et de consolidation.

Depuis que nous avons débuté en tant qu’organisation, nous avons développé notre communication externe et, malgré des ressources très limitées, notre impact a toujours été très élevé. La médaille d’or des Prix Mondiaux de l’Habitat a eu un impact manifeste sur notre visibilité et sur la diffusion de notre modèle de logement social avec accompagnement.

Lors de nos sessions éChange avec World Habitat, l’importance de garder une attitude critique et d’analyser régulièrement la pertinence de chaque projet et de chaque activité, à la lumière de notre mission, a été mise en exergue. Il importe de définir clairement les objectifs à long terme et de la mesure dans laquelle nos activités actuelles s’alignent ou non avec ces objectifs.

En 2021, le Conseil d’administration d’Hàbitat3 a approuvé le développement d’un plan stratégique de trois ans visant à travailler sur les nouveaux défis et les nouvelles opportunités. Le plan sera finalisé durant le premier trimestre de 2022, en incluant les objectifs stratégiques, les lignes d’action prioritaires et les actions à mettre en œuvre durant la trois prochaines années.

World Habitat a accompagné Hàbitat3 via un processus de croissance et de réflexion en fournissant des opportunités pour développer les communications, l’esprit d’équipe, l’analyse et la réflexion.

La visite d’évaluation originale, réalisée par World Habitat, a mis en lumière l’importance de notre réseau et nous a permis de nous rendre compte de la valeur de l’aspect innovant de notre travail. Elle nous a fourni un espace commun pour l’analyse et la réflexion. Cette évaluation externe et la nécessité d’expliquer ce que nous faisons nous a permis d’étudier différents aspects de notre travail. Par ailleurs, elle renforce les liens entre les différentes organisations et équipes via des réunions avec des organismes sociaux, des représentants de l’administration locale et régionale, les sponsors, les locataires et les organismes communautaires.

La médaille d’or des Prix Mondiaux de l’Habitat et sa remise lors du Forum urbain mondial était un moment marquant pour HÀBITAT3, améliorant notre visibilité et renforçant notre position dans le domaine du logement social et dans les alliances entre les organisations publiques, privées et sociales.

Le programme éChange nous a mis en contact avec d’autres organisations en vue de partager les objectifs et les différents aspects de notre méthodologie, tout en proposant différentes perspectives car ces organisations sont confrontées à des problèmes similaires et développent des solutions diverses. Le programme éChange de World Habitat a enrichi notre réflexion et nous a offert une perspective plus large.

Il y a deux ans, HÀBITAT3 était à l’aube de profonds changements, même si nous en étions peut-être pas conscients, mais la médaille d’or des Prix Mondiaux de l’Habitat s’est avérée être un catalyseur de transformation et nous a permis de définir une feuille de route pour travailler sur les opportunités et défis qui se sont présentés à nous.

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Crédits communautaire pour des logements abordables en Afrique https://world-habitat.org/fr/nouvelles/notre-blog/credits-communautaire-pour-des-logements-abordables-en-afrique/ Thu, 24 Feb 2022 13:42:23 +0000 https://world-habitat.org/?post_type=staffblog-cpt&p=28389 Anne-Lize Hertgers, Eloise Pelaud et Bea Varnai travaillent pour urbaMonde, une organisation franco-suisse qui aide les communautés organisées à mettre en œuvre des projets d’habitat collaboratif et à réaliser le droit à la ville et le droit au logement adéquat. Un peu partout dans le monde, le droit au logement décent, un droit humain inaliénable, […]

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Anne-Lize Hertgers, Eloise Pelaud et Bea Varnai travaillent pour urbaMonde, une organisation franco-suisse qui aide les communautés organisées à mettre en œuvre des projets d’habitat collaboratif et à réaliser le droit à la ville et le droit au logement adéquat.

Un peu partout dans le monde, le droit au logement décent, un droit humain inaliénable, est encore loin d’être une réalité pour de nombreuses personnes. L’expérience sur le terrain montre que les habitants de communautés défavorisées n’ont pas accès aux terrains et aux financements nécessaires pour mettre en œuvre leurs projets de logement. Les communautés vulnérables sont souvent exclues des crédits de logement proposés par les institutions financières privées ou publiques, en raison de leurs critères d’accès exclusifs ou de l’inaccessibilité financière de ces produits. Dans de nombreux pays, et surtout en Afrique, les crédits de logement sont peu développés et les modèles d’habitat collaboratif ne peuvent prétendre aux subventions en matière de logement.

Toutefois, le Centre pour le financement du logement abordable, urbaMonde et urbaSEN ont travaillé ensemble pour documenter les expériences des programmes et projets de logement abordable en Afrique, en se concentrant sur leur financement. Dix exemples de mécanismes de crédits abordables, basés sur différents niveaux de propriété collective, ont été analysés.

Les voici :

Ces exemples mettent en exergue plusieurs leçons importantes pour améliorer les mécanismes de financement existants pour le logement et introduire des solutions innovantes pour le secteur du logement abordable dans les pays africains.

Ils présentent également les principales conditions pour rendre le logement réellement abordable.

L’importance des partenariats et la diversité des sources de financement

Ces dix exemples illustrent l’importance des structures d’aide, comme les programmes d’aide technique et les partenariats stratégiques, pour aider les communautés locales à mettre en œuvre des projets de logement.

La consolidation des cadres juridiques, institutionnels et financiers et la fourniture d’une aide directe aux résidents permettent de renforcer leur capacité de négocier avec des institutions publiques et financières, et encouragent les investissements dans le logement et les terrains.

Les partenariats publics-privés-particuliers permettent d’attirer davantage de fonds pour augmenter la portée des projets et subventionner des services non-financiers tels que les aides techniques, l’éducation financière et le renforcement des capacités. La combinaison de plusieurs sources de financement permet d’augmenter les investissements et de les pérenniser. Parmi les différents exemples, on peut citer les partenariats développés par l’entreprise sociale et promoteur immobilier Casa Real au Mozambique, dont l’objectif est de « concevoir, construire et vendre des logements abordables ». Pour ce faire, l’entreprise travaille avec :

  • Reall en tant qu’investisseur social pour la construction de logements ;
  • la municipalité de Beira en tant que partenaire public pour fournir des terrains, un accès à des services et une aide en matière de planification ; et
  • le gouvernement des Pays-Bas via la création d’un plan général pour négocier avec les banques, comme Asba, qui est devenue la première banque à proposer des crédits à des acheteurs de maisons Casa Real.

Jusqu’à présent, le projet a permis la construction (et la vente) de 21 maisons abordables, et prévoit la vente de 80 nouvelles maisons via des crédits hypothécaires garantis par l’employeur ou un programme de vente à tempérament.

Parmi les autres exemples intéressants figurent le programme alternatif pour le logement social au Cameroun et le processus de logement populaire en Afrique du Sud.

Le logement en tant que processus

Plusieurs exemples, comme les programmes de microcrédits Nyumba Smart développés par Habitat for Humanity et ses partenaires au Kenya, le programme Twize en Mauritanie et le processus de logement populaire Khayelitsha en Afrique du Sud, ainsi que les expériences de communautés organisées en Namibie, au Zimbabwe et au Sénégal, illustrent l’importance de considérer le logement comme un processus et de tenir compte de l’ensemble de la chaîne de valeur du logement, non seulement l’accès aux financements, mais également l’accès à la main-d’œuvre, à des matériaux abordables et durables, à des compétences adaptées et à des services publics adéquats.

Au Kenya, cela a engendré une hausse importante de la qualité des conditions de logement, notamment de la qualité des murs et des toitures, du nombre de pièces et de la qualité des matériaux de construction.[1] Les familles ont également affirmé avoir moins de problèmes de santé grâce à l’investissement dans l’eau et les services sanitaires. Un des résidents a affirmé : « J’avais peur de contracter des crédits car j’entendais les autres personnes dire que lorsque vous empruntez de l’argent, vous pouvez tout perdre. Maintenant, je suis bien installé dans ma maison et, quand je regarde autour de moi, je ressens un sentiment de fierté. »

Il est possible de réduire les coûts de construction des logements de plusieurs façons :

  • le développement de solutions collectives de logement (voir les études de cas au Zimbabwe, en Mozambique et en Namibie) ;
  • l’établissement d’unités de production pour des matériaux de construction locaux (Gambie, Cameroun et Sénégal) ; et
  • la rénovation progressive des infrastructures et services publics ou municipaux (voir les études de cas au Zimbabwe, en Afrique du Sud et l’Akiba Mashinani Trust au Kenya).

[1] Building Assets, Unlocking Access: KWFT Housing Microfinance Impact Evaluation Final Report, 2018. https://www.findevgateway.org/paper/2018/06/building-assets-unlocking-access-kwft-housing-microfinance-impact-evaluation-final

L’introduction de ces solutions économiques doit être approuvée par les membres de la communauté. Au Zimbabwe, ces solutions ont inclus des maisons mitoyennes et des approches progressives pour améliorer les services collectifs. Toutefois, tout ne fut pas simple au début car tout le monde n’était pas convaincu par ces solutions, mais grâce à l’implication accrue des résidents dans les plans architecturaux, des logements abordables ont été construits tout en respectant les souhaits et besoins de la communauté.

Le rôle des résidents

Comme au Zimbabwe, l’implication des résidents s’avère essentielle à la production de logements abordables. Les membres de la communauté sont chargés de plusieurs activités et de certains aspects du processus de logement, ce qui non seulement contribue à réduire les coûts mais renforce en outre les capacités des résidents locaux ainsi que la cohésion sociale.

Les économies, individuelles ou collectives, peuvent contribuer grandement au renforcement des capacités financières et à l’autonomisation des communautés organisées, et augmenter leur pouvoir de négociation. En réalité, les économies sont importantes pour permettre aux communautés et aux particuliers de mobiliser des subventions publiques et des crédits basés sur le marché en vie de leur permettre de mettre en œuvre leurs projets de logement. Les résultats peuvent complètement changer la vie de ces personnes, comme l’explique un des résidents impliqués dans le Fonds Twahangana en Namibie : « Je ne ressens que de la joie. Je n’aurais jamais pensé pouvoir vivre un jour dans une maison en briques. Mon premier enfant, qui a maintenant 31 ans, est né dans un logement de fortune dans un bidonville. Il nous a fallu des années pour arriver où nous en sommes. Parfois nous voulions abandonner, mais nous nous sommes toujours encouragé les uns les autres. »

Nous sommes encore loin de notre objectif final, à savoir la réalisation du droit humain basique qu’est le droit au logement adéquat pour tous. Toutefois, ces différents programmes nous montrent l’engagement et l’importance des communautés pour obtenir des crédits et développer des mécanismes de financement. Mbolo Moy Dole ! L’union fait la force !

Lire l’étude complète ici.

 

Image : Damien Epiney

 

 

 

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Gardes armés, asticots frits et marcher sur des cendres chaudes – Pat Elderfield nous parle de son temps passé à World Habitat https://world-habitat.org/fr/nouvelles/notre-blog/gardes-armes-asticots-frits-et-marcher-sur-des-cendres-chaudes-pat-elderfield-nous-parle-de-son-temps-passe-a-world-habitat/ Fri, 11 Feb 2022 09:27:01 +0000 https://world-habitat.org/?post_type=staffblog-cpt&p=28334 Fin 2021, Pat Elderfield a démissionné de son poste en tant que membre du Conseil d’administration et Trésorière honoraire de World Habitat après près d’un demi-siècle d’engagement dans l’association. Elle a été impliquée dans la Building and Social Housing Foundation et World Habitat depuis la création de l’organisation et s’est mariée avec notre fondateur Peter […]

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Fin 2021, Pat Elderfield a démissionné de son poste en tant que membre du Conseil d’administration et Trésorière honoraire de World Habitat après près d’un demi-siècle d’engagement dans l’association. Elle a été impliquée dans la Building and Social Housing Foundation et World Habitat depuis la création de l’organisation et s’est mariée avec notre fondateur Peter Elderfield. Pat a également été directrice et secrétaire de l’East Midlands Housing Association de 1985 à 2004, ayant occupé de post de Chargée des finances pendant 15 ans. Dans cet article, elle nous offre une perspective unique de son travail avec nous, de son poste de Trésorière depuis la création de l’organisation en 1976, de membre du Conseil d’administration depuis 2002 et de ses visites d’évaluation de plus de 40 projets de logement dans des parties reculées du monde, incluant des lieux fascinants et des projets exceptionnels décrits ci-dessous.  

Il y a 46 ans, je suis devenue responsable de l’allocation des actifs de l’East Midlands Housing Association, qui construisait des logements sociaux depuis 30 ans. L’objectif était de faire un don de nos actifs non subventionnés par l’État à une association qui pourrait poursuivre le travail innovant pour lequel nous étions reconnus mais que nous avions été contraints d’arrêter en tant qu’association de logement agréée.

J’ai gardé un œil attentif à nos finances tout au long de ces années, durant lesquelles j’ai vu nos programmes de travail s’étendre aux quatre coins du monde. Les biens fonciers ont été convertis en liquidités et, très récemment, nos gestionnaires de placement nous ont permis d’atteindre nos objectifs, à savoir faire prospérer le don initial d’1,25 million £ en 37 millions £ à l’heure actuelle.

J’ai travaillé avec trois directeurs, de nombreux collègues exceptionnels, et j’ai eu la possibilité de rencontré des personnes inspirantes qui ont développé et mis en œuvre des projets exceptionnels que nous récompensons dans le cadre de nos Prix Mondiaux de l’Habitat.

Le travail d’évaluation [pour les Prix Mondiaux de l’Habitat] m’a offert des expériences incroyables, comme le fait de marcher sur des cendres encore chaudes, sur des maisons englouties après l’éruption du Mt. Pinatubo aux Philippines, ou de dormir sur le sol de la maison familiale de l’urbaniste d’Hiroshima.

J’ai survolé le Karakoram en hélicoptère et j’ai traversé l’Amazone et survolé les Chutes d’Iguazú. Je me souviens de longs voyages en train et en avion à travers la Chine pour visiter différents projets via lesquels des digesteurs à méthane fournissaient de l’énergie et des ballots de paille étaient utilisés pour des constructions. J’ai assisté au rétablissement d’un village au Sri Lanka et à l’écologisation et la modernisation du dernier kampong à Surabaya, qui est maintenant reconnue comme troisième ville la plus verte du monde.

Mes voyages ont couvert des centaines de kilomètres de routes boueuses pour visiter des agriculteurs ruraux en Argentine, je me suis baladée dans des favelas avec des gardes armés à Rio et dans des zones de non-droit à Johannesburg, j’ai visité des projets de prévention de catastrophes au Vietnam et des grands travaux d’infrastructure en Inde.

Mes expériences culinaires ont été aussi riches que les cultures que nous avons visitées et je pense surtout aux asticots frits fournis en guise de collation aux constructeurs d’un incroyable projet au Mexique qui plaçait l’accent sur l’efficacité énergétique et les hypothèques vertes.

J’ai réellement apprécié toutes mes expériences au sein de l’organisation, et je vous souhaite encore beaucoup de succès alors que je quitte mon rôle de membre du Conseil d’administration et de Trésorière honoraire.

Je sais que je laisse l’organisation dans de bonnes mains avec une excellente équipe du Conseil d’administration et un secrétariat compétent. Je compte bien suivre la suite de vos aventures et vos nombreux succès à venir.

Le travail de Pat à World Habitat a permis l’adoption de nombreuses solutions innovantes de logement et leur adaptation aux quatre coins du monde, comme le transfert des organismes fonciers solidaires des États-Unis au Royaume-Uni, et l’établissement d’une campagne sur l’élimination du sans-abrisme de rue dans plusieurs villes européennes. En tant que trésorière honoraire de World Habitat, elle a géré les finances et les investissements de l’organisation et a assisté à la croissance des actifs et des activités de l’organisation. Elle a occupé ces rôles en tant que bénévole.

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Pour éliminer le sans-abrisme, les innovations doivent devenir la norme https://world-habitat.org/fr/nouvelles/notre-blog/pour-eliminer-le-sans-abrisme-les-innovations-doivent-devenir-la-norme/ Tue, 08 Feb 2022 14:34:58 +0000 https://world-habitat.org/?post_type=staffblog-cpt&p=28312 Ella Hancock, qui a récemment rejoint World Habitat pour travailler sur la Campagne européenne sur l’élimination du sans-abrisme de rue, a hâte de se mettre au travail et de découvrir les défis et les opportunités qui vont se présenter à elle. Cela fait maintenant quelques semaines que je suis chargée de programme (sans-abrisme) à World […]

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Ella Hancock, qui a récemment rejoint World Habitat pour travailler sur la Campagne européenne sur l’élimination du sans-abrisme de rue, a hâte de se mettre au travail et de découvrir les défis et les opportunités qui vont se présenter à elle.

Cela fait maintenant quelques semaines que je suis chargée de programme (sans-abrisme) à World Habitat, et chaque nouvelle journée ressemble à un jour d’école pour le moment…

Je travaille sur la Campagne européenne sur l’élimination du sans-abrisme de rue, qui en est maintenant à sa sixième année, et qui aide un réseau de villes en Europe à arrêter de gérer le sans-abrisme pour commencer à éliminer ce problème sociétal. Je travaille sur le logement et le sans-abrisme depuis plus de 10 ans, principalement pour des associations (même si j’ai également travaillé dans le secteur statutaire et le secteur privé) et j’adore rechercher et partager des solutions innovantes de logement pour combattre les principaux problèmes d’habitat dans le monde (quelle chance pour moi, c’est également le crédo de World Habitat…)

La Campagne européenne sur l’élimination du sans-abrisme de rue promeut les solutions d’habitat collaboratif. Moi aussi je crois en ces solutions. J’ai vu l’impact d’un logement stable. Sans logement, des choses relativement simples peuvent devenir pratiquement impossibles. J’ai par exemple vu des personnes quitter des services dans lesquels elles recevaient de l’aide lorsqu’on leur a demandé une preuve de leur adresse, ou tout simplement disparaître lorsque l’autorité locale ou d’autres services leur ont demandé leur carte d’identité ou d’autres documents. Si vous n’avez pas de logement, où pouvez-vous garder vos papiers ?

Lorsque l’on aidait les personnes à accéder à des formations ou à l’emploi, il était manifeste que la recherche d’un emploi était souvent impossible sans l’assurance de ne pas devoir déménager à tout moment. L’établissement de réseaux sociaux dans votre région peut sembler inutile si vous ne savez pas où vous vivrez demain, ou le lendemain. Il est également impossible d’améliorer sa santé mentale si vous devez constamment penser à l’instabilité de votre situation de logement

World Habitat coordonne la Campagne européenne sur l’élimination du sans-abrisme de rue et aide les villes impliquées, actuellement Barcelone, Bratislava, Brighton, Bruxelles, Budapest, Glasgow, Leicester, Lisbonne, Torbay, Westminster et Zagreb. Nous avons hâte en 2022 d’établir de nouvelles connexions et de nouveaux partenariats avec d’autres villes, notamment via l’expansion de la campagne en Europe centrale et en Europe de l’Est. Ma famille venant d’Europe de l’Est, cette idée m’intéresse au plus haut point.

Je suis impressionnée par les réponses des partenaires de notre campagne à la pandémie du COVID-19. Venant juste gérer un programme d’accompagnement des sans-abri sur le terrain au Royaume-Uni, j’ai vu à quel point il était difficile de lutter constamment en pleine pandémie et, pire encore, de trouver le temps d’améliorer la prise en charge de ces personnes.

J’ai hâte de voir les nouvelles actions de notre campagne, et comment World Habitat pourra aider nos villes partenaires à continuer d’innover dans un monde post-Covid. J’ai également hâte de voir comment notre campagne pourra tirer parti des différentes réponses à la pandémie. Les réponses montrent que le sans-abrisme est un problème de santé publique et concerne tout le monde, et nous ne pouvons plus revenir à un stade où le sans-abrisme de rue est considéré comme inévitable.

C’est la raison pour laquelle la campagne veut tout mettre en œuvre pour s’assurer que les personnes qui ont été placées dans des hébergements temporaires durant la pandémie ne retournent pas dans la rue. Il faut aider ces personnes à intégrer des logements pérennes. Cet élan collectif initié par les réponses innovantes à la pandémie pour garder ces personnes en sécurité ne doit pas perdu, et les partenaires de notre campagne devront tenter de faire évoluer l’opinion du public sur le sans-abrisme. L’innovation est indispensable. Toutefois, pour pouvoir vraiment éliminer le sans-abrisme, ce que l’on considère comme innovant aujourd’hui doit devenir la norme partout dans le monde. J’ai hâte de travailler avec nos partenaires pour partager leur travail et atteindre cet objectif.

J’ai déjà vu l’impact de notre programme éChange, qui facilite des sessions ciblées lors desquelles les partenaires se réunissent et partagent leurs expériences, ainsi que leurs outils pratiques et leurs projets pour l’avenir. Dépendant des restrictions relatives au COVID-19, l’équipe prévoit de partager davantage les expériences des partenaires de notre Campagne européenne sur l’élimination du sans-abrisme de rue en 2022. Nous comptons également élaborer un rapport partageant les bonnes pratiques de nos partenaires européens, et nous espérons organier des séminaires en présentiel pour mettre en exergue les bonnes pratiques et les défis qui nous attendent. Suivez notre travail (et inscrivez-vous à notre bulletin d’information en ligne) et n’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez plus d’informations ou rejoindre notre réseau.

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Jusqu’à la fin du tremblement https://world-habitat.org/fr/nouvelles/notre-blog/until-the-tremor-has-passed-hasta-que-pase-el-temblor/ Fri, 21 Jan 2022 10:00:59 +0000 https://world-habitat.org/news/our-blog/until-the-tremor-has-passed-hasta-que-pase-el-temblor/ Pierre Arnold, chargé du programme des Prix Mondiaux de l’Habitat, nous parle du processus de reconstruction à Santiago Niltepec, dans l’État d’Oaxaca, au Mexique, qui a remporté une médaille de bronze en 2021 grâce à Programa VACA. Imaginez-vous aller au lit après une journée épuisante. Il est près de minuit, tout le monde dort lorsque, […]

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Pierre Arnold, chargé du programme des Prix Mondiaux de l’Habitat, nous parle du processus de reconstruction à Santiago Niltepec, dans l’État d’Oaxaca, au Mexique, qui a remporté une médaille de bronze en 2021 grâce à Programa VACA.

Imaginez-vous aller au lit après une journée épuisante. Il est près de minuit, tout le monde dort lorsque, soudain, votre maison se met à trembler et les tuiles commencent à tomber du toit alors que le brouhaha s’accentue de plus en plus dehors.

Les poutres grincent, le bois et les vitres se fissurent, les objets tombent, les enfants pleurent, des personnes courent dans tous les sens et crient, les chiens aboient, … Vous vous relevez mais la terre tremble, les enfants sont déjà sortis et vous vous dépêchez pour aider vos parents à sortir de leur lit avant que le toit s’effondre.

Après quelques heures, vous apprenez tous les détails : le plus gros séisme au Mexique depuis 1932 a frappé le Golfe de Tehuantepec, l’épicentre étant situé à moins de 50 kilomètres sous l’océan Pacifique et à moins de 200 kilomètres de votre région avec des intensités allant de IX and X, avec une magnitude de 8,2.

Le séisme s’est fait ressentir de Mexico City à Honduras…

Après quelques jours, vous apprenez que plus de 100 personnes sont décédées et que près de 60 000 maisons ont été endommagées, dont 5 500 complètement détruites, notamment dans les États d’Oaxaca et de Chiapas. Mais pour l’instant, il importe surtout de garder les membres de votre famille à l’abri, et de secourir les personnes qui sont toujours coincées dans leurs logements avant les répliques sismiques, trouver les personnes manquantes, regarder autour pour voir ce qu’il reste de votre maison, votre village et voir tous les choses matérielles et immatérielles qui faisaient partie de votre quotidien mais qui appartiennent maintenant au passé.

À ce moment, que pouvez-vous attendre de votre président, de votre gouverneur, de votre communauté et du reste du monde. Comment allez-vous reconstruire votre vie ?

Le gouvernement mexicain a activé le fonds d’aide d’urgence pour les catastrophes naturelles, le Fondo de Desastres Naturales (FONDEN), et a pu accéder à des ressources internationales additionnelles via les obligations en matière de catastrophes naturelles de la Banque mondiale auxquelles le pays a souscrit. Le FONDEN prend en charge les premières réponses aux catastrophes, comme la reconstruction de l’infrastructure publique et des logements. Quelques semaines après le séisme, le gouvernement national et les gouvernements régionaux des régions affectées ont réalisé une enquêtes des dégâts encourus par les logements.

Les familles à bas revenus qui pouvaient prouver être propriétaires de leur terrain ont reçu soit 120 000 pesos mexicains (6000 dollars), soit 15 000 pesos mexicains (750 dollars), soit rien, du FONDEN, selon une enquête visant à déterminer si leur maison avait été « complètement détruite », « partiellement détruite » ou n’avait pas subi de dégâts suffisamment importants pour recevoir une compensation.

Ces paiements ont été octroyés aux familles sous la forme de cartes de débit, une pour acheter des matériaux de construction dans un nombre limité de commerces agréés, et une autre pour le retrait d’argent en vue de payer les maçons ou autres ouvriers. Une aide technique a été offerte gratuitement aux bénéficiaires par des ONG et des sociétés privées qui travaillaient déjà avec la Commission nationale du logement (CONAVI) dans des programmes de logement social ou de logement rural avant le séisme.

Malheureusement, ce processus a engendré différents problèmes dans les régions sinistrées. Certaines communautés ont été écartées du recensement ou ont été mal diagnostiquées et n’ont dès lors reçu aucune compensation pour leurs pertes. Étant donné la hausse considérable des prix des matériaux de construction, les montants octroyés étaient beaucoup trop faibles pour réparer ou reconstruire les maisons endommagées, notamment les grandes maisons traditionnelles en briques avec des châssis en bois. Par ailleurs, l’obligation d’utiliser les cartes FONDEN dans des commerces agréés excluait les matériaux locaux comme les briques et le bois local en faveur de matériaux industrialisés (ciment, acier, zinc, toits en PVC, etc.), augmentant ainsi l’empreinte carbone et empêchant toute contribution à l’économie locale.

Adaptant leur offre aux subventions maximales octroyées aux familles sinistrées, soit 6000 dollars, de nombreuses sociétés privées de construction ont commencé à vendre des maisons clés sur porte, d’environ 35 à 45 m², 2,40 mètres de haut, avec une cuisine, une salle de bain et deux petites chambres. Ces maisons minuscules n’étaient adaptées ni au climat ni aux habitudes culturelles de ces communautés. De nombreuses personnes qui auraient pu réparer leur maison avec une aide technique ont suivi les recommandations des sociétés (et parfois des gouvernements locaux ou des voisins), à savoir détruire leur maison pour acheter une de ces minuscules maisons. Des milliers de constructions traditionnelles auraient pu être sauvées.

À contrecourant : utiliser les matériaux locaux et relancer l’architecture traditionnelle après le séisme

Dans ce contexte, certaines organisations ont émis le souhait de préserver l’architecture traditionnelle de chaque village, en évitant que celle-ci soit détruite et remplacée par des constructions standardisées voire être réparée sans intégrer les normes de protection parasismique. Plusieurs associations et universités mexicaines ont aidé les communautés sinistrées à réparer ou reconstruire des maisons traditionnelles, en respectant les identités culturelles des locaux, et en les accompagnant tout au long de ce processus difficile de restauration de leurs moyens de subsistance et de leurs habitats. Parmi ces organisations figurent Comunal, Cooperación comunitaria, l’Université d’ITESO, et Programa Vaca.

Programa Vaca a participé aux Prix Mondiaux de l’Habitat avec un projet de reconstruction de quatre maisons à Santiago Niltepec (dans la région de Tehuantepec dans l’État d’Oaxaca), bénéficiant directement à 18 personnes ainsi qu’aux membres de la communauté et aux bénévoles qui ont participé à cette initiative solidaire.

Le projet de VACA a été sélectionné parmi les huit finalistes pour son travail exceptionnel tant au niveau de son processus participatif que de sa volonté à adapter l’architecture traditionnelle et les matériaux locaux afin de reconstruire des logements adéquats. Avec sa petite équipe et l’aide de bénévoles et des bénéficiaires, VACA a montré qu’il était possible de concevoir et de construire des belles maisons à des prix bien inférieurs au mètre carré que ceux proposés par les sociétés privées. Malgré sa petite échelle, le travail de VACA à Santiago Niltepec a reçu une médaille de bronze car il a mis en exergue la fonction sociale de l’architecture et des constructions. Ce programme ne s’est pas contenté de reconstruire des logements, il a également placé l’accent sur la relance du savoir local et de la solidarité, la promotion de l’égalité entre les sexes et de la dignité humaine, et l’amélioration de la qualité de vie.

Ces éléments sont essentiels pour aider les communautés et particuliers à se rétablir après une catastrophe, et nous espérons que ce projet inspirera de futurs processus de reconstruction.

Image: Arturo Gomez

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Pourquoi les citoyens de l’Union ont plus de chances de se retrouver sans abri au Royaume-Uni et pourquoi faut-il s’en inquiéter https://world-habitat.org/fr/nouvelles/notre-blog/why-eu-citizens-are-more-likely-to-experience-homelessness-in-britain-and-why-it-matters/ Thu, 02 Dec 2021 11:17:13 +0000 https://world-habitat.org/news/our-blog/why-eu-citizens-are-more-likely-to-experience-homelessness-in-britain-and-why-it-matters/ Ruth Jacob est chargée de missions et des affaires parlementaires à Crisis, une association britannique travaillant avec les sans-abri. L’image utilisée est celle de Katia, une citoyenne de l’Union qui s’est retrouvée sans abri au Royaume-Uni et qui fait partie du panel des experts du vécu qui soutient la campagne de Crisis. Les pires formes […]

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Ruth Jacob est chargée de missions et des affaires parlementaires à Crisis, une association britannique travaillant avec les sans-abri.

L’image utilisée est celle de Katia, une citoyenne de l’Union qui s’est retrouvée sans abri au Royaume-Uni et qui fait partie du panel des experts du vécu qui soutient la campagne de Crisis.

Les pires formes de sans-abrisme sont en hausse constante année après année en Angleterre depuis plus de dix ans, et ont atteint des niveaux record juste avant la pandémie. Les niveaux en Écosse et au Pays de Galles sont restés relativement stables au cours de cette même période. Cela concerne les personnes dormant dans la rue, dans des voitures, dans des tentes ou dans les transports publics, ou séjournant pendant de longues périodes dans des hébergements temporaires inadéquats.

Une nouvelle étude, commanditée par Crisis et réalisée par l’Université Heriot-Watt et IPPR, démontre que cette situation concerne environ 22 000 ménages ressortissant de pays de l’UE, soit environ un-dixième (9%) du nombre total estimé de personnes sans abri en 2019.

Les ressortissants de pays de l’Union représenteraient environ un-vingtième de la population britannique, ce qui indique que le risque d’être confronté aux pires formes de sans-abrisme est deux fois plus important parmi les ressortissants de pays de l’UE vivant au Royaume-Uni que parmi l’ensemble de la population.

Le risque est encore plus élevé pour le sans-abrisme de rue, étant donné que les ressortissants de pays de l’UE représenteraient un-septième (plus de 15%) du nombre total de personnes dormant dans la rue au Royaume-Uni. Cela suggère que le risque de sans-abrisme de rue parmi les ressortissants de pays de l’UE au Royaume-Uni est pratiquement trois fois plus élevé que parmi la population générale.

Cette étude est la première étude à analyser cette question et fournit de nouvelles données permettant d’informer les décisions politiques en vue de prévenir et éliminer le sans-abrisme. Les conclusions de cette étude nous aident à comprendre les raisons pour lesquelles les ressortissants de pays de l’UE vivant au Royaume-Uni sont confrontés à un risque plus élevé de sans-abrisme et les raisons pour lesquelles des mesures urgentes doivent être prises pour protéger toutes les personnes vulnérables contre le sans-abrisme.

La perte de son travail est une des principales causes de sans-abrisme parmi les citoyens de l’UE vivant au Royaume-Uni et ces personnes ont été touchées de façon disproportionnée par le chômage durant la pandémie. De nombreuses personnes avec lesquelles nous avons parlé ont affirmé avoir connu des expériences de travail précaire et abusif et ne pas être payées suffisamment pour survivre.

Un participant interrogé dans le cadre de cette étude a expliqué la raison pour laquelle il s’est retrouvé san domicile :

« J’ai travaillé pour une personne pendant sept mois et elle m’hébergeait et me nourrissait. Toutefois, je ne recevais pas d’argent. Je n’ai pas reçu d’argent après sept mois de travail. J’ai dès lors été obligé de vivre dans la rue, et c’était très dur. »

Les citoyens de l’Union sont confrontés aux mêmes problèmes pour sortir du sans-abrisme que les autres résidents du Royaume-Uni, comme les problèmes de santé ou les ruptures familiales, mais doivent également faire face à d’autres obstacles et restrictions qui impactent leur accès aux aides. Dans nombre de cas, cela implique que lorsque des personnes perdent leur emploi ou sont confrontées à des problèmes financiers, elles se retrouvent sans filet de sécurité, ce qui aggrave leurs problèmes de logement.

Parfois, ces difficultés s’expliquent par des obstacles linguistiques ou culturels qui font en sorte qu’il est plus difficile pour les citoyens de l’Union d’accéder aux aides disponibles. D’autres ne peuvent accéder aux aides pour leur situation de logement, notamment aux allocations sociales, à cause des règles limitant l’accès des citoyens de l’Union aux aides. Ces personnes se retrouvent dès lors dans des longues périodes d’incertitude alors qu’elles essaient de résoudre leurs problèmes d’hébergement et d’emploi, sans aucune aide.

Au début de la pandémie, nous avons assisté à une transformation immédiate et sans précédent des approches des gouvernements nationaux pour lutter contre le sans-abrisme, et nombre des obstacles auxquels les citoyens de l’Union et autres ressortissants non-britanniques sont habituellement confrontés ont été mis de côté. Ces mesures ont démontré ce qu’il était possible de réaliser lorsque les aides aux sans-abri sont ouvertes à toutes les personnes vulnérables, quels que soient leur nationalité et leur statut d’immigration. Toutefois, alors que la pandémie se poursuit, les restrictions réapparaissent et de plus en plus de personnes rencontrent des difficultés pour accéder aux différentes aides.

Dans le cadre de la sortie de la pandémie, il importe de profiter de cette occasion pour permettre à toutes les personnes vivant au Royaume-Uni d’accéder aux aides disponibles pour les personnes sans abri. Le gouvernement britannique doit revoir sa stratégie de lutte contre le sans-abrisme afin de s’assurer que personne ne soit laissé pour compte à cause de son statut d’immigration. Il convient de permettre aux citoyens de l’Union d’accéder aux aides disponibles afin de leur permettre de trouver des solutions s’ils se retrouvent confrontés à des événements qui pourraient conduire à la perte de leur logement.

Nous devons également fournir des aides immédiates aux citoyens de l’Union qui dorment dans la rue et qui ne peuvent accéder aux aides traditionnelles. Nous recommandons que le gouvernement britannique finance un paquet de mesures en matière de logement et d’emploi pour les citoyens de l’Union dont les besoins ne sont pas pris en charge par les programmes actuels. Cela permettra de venir en aide aux personnes qui dorment maintenant dans la rue.

La réponse d’urgence à la pandémie nous a donné un aperçu de ce qu’il était possible de faire lorsque l’on supprime les obstacles et lorsque tout le monde peut accéder aux hébergements et aux aides permettant de sortir du sans-abrisme. Nous devons aller plus loin pour nous assurer que toutes les personnes sans abri puissent intégrer des logements sûrs et pérennes.

Le rapport de l’étude est disponible ici.

 

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